Cela peut paraître loin des préoccupations habituelles, pendant que les gilets jaunes font entendre leur voix et leurs difficultés.
Mais je souhaite aborder un événement qui as pu passer inaperçu au cours du long WE de la Toussaint.
Si les dernières réformes impactent directement notre quotidien (hausse des taxes, baisse du pouvoir d’achat), d’autre ne se verront que dans plusieurs années et seront impossibles à corriger.
Après mure réflexion, je vais tout de même, tenter d’expliquer pourquoi nous avons manifesté le jour de la Toussaint à Toulouse.
Si à mon grand regret, après quelques semaines, il n’est resté de ce mouvement symbolique que : ‘les agriculteurs veulent leurs aides; Il se trouve que pour une fois les agriculteurs n’était pas descendu devant la préfecture de région pour leurs primes mais pour demander les financements de l’état pour les TECHNICIENS agricoles.
L’état s’est engagé auprès du peuple pour mettre en oeuvre une meilleure alimentation. Mais les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Après un travail de fond au sein de la Région pour le développement du BIO et une mutualisation des savoirs et compétences de nos nombreux départements, l’état se désengage du financement des structures techniques qui entourent les exploitation agricole BIO. C’est pourquoi, le 1er novembre, devant la préfecture de région, une soixantaine de manifestants ont symboliquement enterré «l’engagement de l’Etat pour le développement de la bio en Occitanie».
La perte des primes et financements des agriculteurs implique la fermeture de millier d’exploitations mais le problème est bien plus grave.
Il s’agit là de la perte de la filière. En tant qu’artisan lainier, je peux témoigner de la difficulté à retrouver les savoirs, une fois qu’une filière est sinistrée. Il est aujourd’hui quasiment impossible de trouver un pull local à un tarif abordable surtout en pure laine. Lorsqu’il s’agit d’un pull ce n’est peut être bien grave (et encore je me souviens d’un scandale pour du plomb dans la teinture de vêtements chinois).
Qu’arrivera t’il quand les produits que nous mangeons viendront de si loin que nous ne pourrons plus garantir les normes antipesticides, sanitaires, sociales? En élevage ces normes varient même au sein de l’Europe.
Une fois les infrastructures de recherche, d’assistance, et de communication disparues, chaque agriculteur se retrouvera isolé.
Les jeunes qui voudront s’installer ne trouveront plus les formations, les expérimentations ou tout simplement le soutien administratif pour suivre des lois qui varient tous les 3 mois. Si aujourd’hui les choses sont compliquées et longues pour tous, imaginez que cela deviendra quasi-impossible sans les services techniques adaptés à nos productions.
En plus de jeter le travail en recherches, organisations et connaissances des 30 dernières années, il ne sera plus possible pour tout un chacun de choisir son avenir, son métier, ni même la provenance de sa nourriture. Sans compter le gaspillage carbone pour produire ailleurs.